Gabriel Mathias Lory — une vie en images

Certificat de baptême pour Gabriel Lory "Fils"

Le fils de l’artiste

Dès le berceau, Gabriel Mathias Lory est promis à une carrière de peintre paysagiste. Le 21 juin 1784 a lieu le baptême du fils de Gabriel Ludwig Lory, peintre paysagiste, à Berne. Sa mère, Wilborada Fehr, entretient également un lien avec le milieu artistique : Lory père a rencontré la soeur du graveur st-gallois Bartholomäus Fehr alors qu’il travaillait dans son atelier de coloriste. Après la mort prématurée de sa sœur, Gabriel Matthias Lory reste enfant unique et reçoit très tôt une formation artistique de la part de son père, installé à Berne. L'attribut « fils » a été accolé à son nom tout au long de sa vie.                    

Le jeune Gabriel, en qui son père croyait se reconnaître car il trahissait d’excellentes dispositions artistiques, se consacrait à l'art.

Künstlergesellschaft Zürich (1848), Leben und Charakteristik der Landschaftsmaler G. Lory, Vater, und G. Lory, Sohn, von Bern (Neujahrsblatt VIII), p. 2 (en allemand).

Gabriel Lory "Fils", Gabriel Lory fils, portrait de trois-quart de droite

Portrait de jeunesse

En 1792, Franz Ludwig Catel, 14 ans, immortalise Gabriel Mathias Lory, 9 ans, dans une sanguine. Ce portrait montre le haut du corps du garçon tourné sur la droite, les cheveux ébouriffés et le regard éveillé. D’après la légende, le portrait a été peint à Hérisau. Franz Ludwig Catel rencontre le jeune Lory, alors âgé de 6 ans environ, par l’intermédiaire du père de ce dernier, le paysagiste Gabriel Ludwig Lory. A cette époque, Mathias lui-même poursuit une formation artistique. Grâce à son père, il a très tôt été initié au dessin et au coloriage d’impressions. 

 

Herisau, vue d'ensemble Vue de Hérisau (sud-est). Paysan, fontaine, troupeau

Travail de commande à Hérisau

Dans les années 1790, Gabriel Mathias Lory accompagne son père pour des raisons professionnelles jusqu’en Appenzell. Installé à Berne depuis 1784, Gabriel Ludwig Lory étend sa renommée au-delà des frontières nationales grâce à ses paysages colorés. Cette reconnaissance et ses années d’apprentissage auprès de Bartholomäus Fehr ont sans doute contribué à ce qu’on lui confie, grâce à l’entremise de Johannes Walser, négociant en textile et en produits coloniaux établi à Hérisau, l’édition d’un recueil de vues de Moscou et de Saint-Pétersbourg destiné au tsar Paul Ier. J. Walser, qui a fondé une maison de commerce à Moscou en 1792, jouit d’une excellente réputation en Russie. Cette même année, il fonde, afin de publier les vues de villes russes, une institution artistique à Hérisau, qui perdure jusqu’en 1809. 

Moscou, vue partielle

Vues russes

Sous la direction de Gabriel Ludwig Lory, de nombreux artistes travaillent sur les vues russes d’après les modèles des peintres Gérard de la Barthe et Johann Christoph von Mayr, jusqu’à la fin prématurée du projet en 1801. Aux côtés de Gabriel Ludwig Lory fils pour transformer ces modèles en feuilles graphiques imprimées se trouvent également son neveu Friedrich Wilhelm Moritz, Johann Jakob Biedermann, Matthias Gottfried Eichler, Heinrich Guttenberg, Johannes Hoeferlin, Simon Daniel Lafond, Johann Jakob Wetzel, Paul Jakob Liminit, F.B. Lorieux, Georg Christoph Friedrich Oberkogler, Johann Scheidegger et Franz Ludwig Catel. Jusqu’à la mort soudaine du tsar Paul 1er, qui conduit à l’abandon et à la ruine financière du projet, près de 40 vues russes grand format ont été produites à la manière des petits maîtres. Après la fin de cette entreprise, Gabriel Ludwig Lory retourne à Berne avec sa famille.

Avant la fin de la période d’apprentissage qui devait durer six ans, il quitte l’institution Bleuler et retourne chez son père, sans vraiment savoir ce qu’il veut désormais entreprendre. Autrefois, J. Walser avait fondé une institution similaire à celle de Bleuler à Hérisau et avait fait appel à Lory père afin qu’il dirige la publication des célèbres vues de Moscou et de St-Pétersbourg. Lory déménage à Hérisau avec sa femme et son fils, Gabriel Lory, le peintre paysagiste désormais reconnu. Il est également accompagné de son neveu Moritz, peintre tout aussi méritoire, à qui nous devons une partie de ces notes sur Wetzel. Afin de livrer ces travaux aussi parfaitement que possible, de jeunes artistes talentueux ont été appelés, parmi lesquels figurent Catel, devenu célèbre plus tard, et bien d’autres. Wetzel y a également trouvé un emploi bienvenu et a tiré un grand profit de la vie en commun avec ces artistes.

Künstlergesellschaft Zürich (1838), Leben und Charakteristik des Malers Joh. Jakob Wetzel, aus Uhwiesen, Kantons Zürich (XXXIV. Neujahrsstück), p.3 (en allemand).

 

Soldat français, assis sur une chaise

Invasion française

Le séjour du jeune Gabriel Mathias Lory à Hérisau a lieu durant l’occupation de la Suisse par les troupes françaises. L’aggravation de la situation politique met la colonie d’artistes cosmopolite en mauvaise posture. Les biographies contemporaines du père et du fils parlent de la nécessité de s’évader temporairement, d'abord à Biberach, puis à Lindau. Bien après le premier retour à Hérisau, le jeune Gabriel Mathias Lory dévoile ses talents artistiques avec le portrait d’un officier révolutionnaire, assis de manière décontractée sur une chaise, les jambes écartées.

Pendant ce temps, l’ennemi avait peu à peu envahi toute la Suisse. Le général français en poste à Hérisau, sans doute poussé par la famille Walser, a invité Lory à revenir, en le menaçant de le traiter, lui et les siens, comme des émigrants s'il ignorait cette invitation.

Künstlergesellschaft Zürich (1848), Leben und Charakteristik der Landschaftsmaler G. Lory, Vater, und G. Lory, Sohn, von Bern (Neujahrsblatt VIII), p. 2 (en allemand).

Dos et couverture de l’album «Voyage pittoresque de Genève à Milan par le Simplon»

Les amis de Neuchâtel

La présence française en Suisse pendant et après l’époque de l’Helvétique continue d’accompagner le travail des deux Lory. En 1805, le père et le fils se rendent à Neuchâtel, sur invitation de Jean-Frédéric d’Ostervald, cartographe et éditeur. Ce dernier planifie la publication du volume Voyage pittoresque de Genève à Milan par le Simplon et recrute pour cela des peintres de talent.

À partir de 1806, Gabriel Mathias et Gabriel Ludwig Lory travaillent avec Maximilien de Meuron, peintre paysagiste neuchâtelois, sur des modèles de feuilles d’aquatintes colorées pour cette œuvre. Après des débuts dans la diplomatie, M. de Meuron, issu d’une famille aristocrate neuchâteloise, a également poursuivi une carrière artistique pleine de succès. L’amitié qui l’a lié à son camarade du même âge Gabriel Matthias Lory a duré toute leur vie.

Galerie de Schalbet, vue de l’intérieur

Images de voyage du col du Simplon

Le « Voyage pittoresque de Genève à Milan par le Simplon », publié en 1811 par Pierre Didot à Paris, illustre le parcours de la route du Simplon de Genève à Sion et Brigue via Saint-Maurice, puis à travers diverses galeries jusqu'au col du Simplon et à Domodossola, jusqu’au Lac Majeur. Cette route, que Napoléon Ier a décidé de construire en 1800 et qui a été ouverte en 1805, améliore les liaisons de transport directes entre la France et l'Italie. Elle est utilisée à des fins commerciales, mais surtout militaires. Le travail de construction est énorme : huit grands ponts sont construits, sept galeries creusées dans la pierre, plusieurs abris, des hospices et un hôtel. Une aquarelle de Gabriel Mathias Lory montre la galerie de Schalbet, du côté italien, par une vue spectaculaire de l’intérieur. Elle a probablement servi de modèle pour la gravure ultérieure de la même vue.  

Enfin après deux heures de marche le voyageur se trouve dans la galerie de Schalbet; pratiquée sur un des points les plus élevés de ce passage, et n’ayant aucun objet qui en masque la vue, elle présente au voyageur un de ces spectacles si magnifiques qu’offrent les Alpes. Au moment où il sort de cette grotte sombre ses regards sont frappés de l’aspect du Rosboden, dont la cime éclatante et isolée domine toutes les montagnes voisines.

Jean Frédéric d'Ostervald (1811), Voyage pittoresque de Genève à Milan par le Simplon, La Galerie de Schalbet (sans pages).   

Como, environs. Lac; Villa Olmo

Le Grand Tour

Dans sa jeunesse, Gabriel Mathias Lory, accompagné de Maximilien de Meuron, entreprend de nombreux voyages de formation à Paris et en Italie. Dans la capitale française, G. Lory se forme grâce aux collection d’art royales. En Italie, il étudie le patrimoine artistique de la Renaissanceet de l’Antiquité.

Les paysages conçus avec attention par G. Lory attestent de ses voyages en Italie et de sa recherche constante de nouveaux motifs picturaux. Autour de 1809, sa route le conduit en Italie du nord, près du lac de Côme,  à la Villa Olmo, achevée de construire en 1797. Celle-ci jouit d’une popularité croissante auprès des voyageurs et elle ne tarde pas à devenir le sujet de peintres paysagistes, tels que Johann Jakob Wetzel.

En 1808, G. Lory a effectué son premier grand voyage, en compagnie de son ami, qui l’a d’abord mené à Paris. Là-bas, grâce aux recommandations de Monsieur Ostervald et d'autres mécènes, il a pu accéder à toutes les collections d'art, les utiliser librement pour son propre travail, et a exécuté plusieurs commandes en parallèle.

Künstlergesellschaft Zürich (1848), Leben und Charakteristik der Landschaftsmaler G. Lory, Vater, und G. Lory, Sohn, von Bern (Neujahrsblatt VIII), p. 2 (en allemand).

Vue d’une ville italienne inconnue avec les ruines d’un château sur un flanc de montagne
Cava de' Tirreni, vue d'ensemble. Monte Finestra; Brücke

Voyages en Italie

À l’été 1811, Gabriel Mathias Lory reprend le chemin du sud, qui le conduit à Milan, Venise, Florence, Romeet Naples, jusqu’au sud de l’Italie. Il subsiste de cette période des vues de villes pittoresques d’Italie. Un village, dont le château en ruine est accroché sur les flancs d’une montagne, éveille son intérêt. Au premier plan, une voiture à quatre chevaux passe sur la route de campagne.

Une aquarelle restée inachevée documente la visite de Gabriel Mathias Lory dans les environs de Cava de’ Tirreni, près de Naples. Les formes au premier plan sont restées fragmentaires et à l’état d’esquisses. Au milieu et à l'arrière-plan, l’état avancé du dessin, avec ses lumières jaune-brun qui s’étendent au-dessus du village de Cava et du Monte Finestra derrière lui, évoque déjà l'automne qui approche.   

 

Contrat de mariage d'Henriette-Louise de Meuron et Gabriel Lory «Fils»

Mariage à Neuchâtel

Pendant de nombreuses années, Neuchâtel est le point d’ancrage de Gabriel Mathias Lory. Il dispense quelques temps des cours de dessins à l’école de la ville. En 1812, il épouse Henriette-Louise de Meuron, d’Orbe, fille d’un officier suisse travaillant pour les services britanniques et également parente de son ami Maximilien de Meuron. Henriette-Louise de Meuron a déjà voyagé plus loin que son mari : elle est née à Ceylan (Sri Lanka) en 1789. A Neuchâtel, elle reprend la publication des vues de Gabriel Mathias Lory.

Une conduite exemplaire l’a toujours distingué. Quoique doué d’une figure qui est souvent un écueil pour des jeunes gens, je ne l’ai jamais vu donner dans le plus léger écart. A Neuchâtel où je le suis depuis six ans, à Paris où il m’a accompagné pendant six mois, dans différentes courses en Suisse que nous avons faites ensemble, en Italie où il vient de passer plusieurs mois avec un de mes amis, ce jeune homme s’est toujours montré sage, sensé, fort laborieux, occupé uniquement de son état, et se faisant aimer de chacun par la douceur de son caractère.

Lettre du 1er avril 1812 de Jean-Frédéric d'Ostervald à Charles de Miéville, juge de paix à Orbe, Bibliothèque nationale suisse, Cabinet des estampes : Fonds Gabriel Lory fils et Henriette-Louise de Meuron, GS-LORY-B-4-a-OST-1

Lettre de naturalisation de la ville de Neuchâtel en faveur de Gabriel Lory fils

Citoyen neuchâtelois

Toute sa vie, Gabriel Mathias Lory reste étroitement attaché à la ville de Neuchâtel, où il forge de nombreuses amitiés. En 1842, il obtient, au nom du roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse, la nationalité neuchâteloise. En effet, Neuchâtel, certes admis comme canton au sein de la Confédération depuis 1814, n’en reste pas moins une principauté souveraine subordonnée au roi de Prusse jusqu'en 1857.         

Deux personnages masculins en uniformes militaires britanniques et un personnage féminin en costume traditionnel britannique

Les tuniques rouges britanniques

Une aquarelle de 1814 montre deux soldats de l’armée britannique en uniformes rouges ainsi qu’une paysanne en costume traditionnel britannique. La même année, Gabriel Mathias Lory et Henriette-Louise de Meuron visitent l’île de Guernesey, où le père de celle-ci passe sa retraite d’officier. Gabriel Matthias Lory utilise ce temps pour étendre sa renommée en Angleterre. Il réalise des vues de paysages et des croquis de costumes, qui paraissent chez Rudolph Ackermann à Londres.       

Chamonix, environs. Arve; Glacier des Bossons; Mer de Glace; Mont Blanc; Vallée de Chamonix

De l’Angleterre à Chamonix

En 1815, peu après le retour d’Angleterre d’Henriette-Louise de Meuron et de Mathias Gabriel Lory, un recueil de Lory père et fils composé de sept vues de la vallée de Chamonix et de ses glaciers, tous gravés par Franz Hegi en aquatinte, est édité chez P. Didot à Paris. La date de parution des dessins de voyage, proche du retour d’Angleterre de Gabriel Mathias Lory est bien choisie. En effet, Lory, avec son nouveau travail, a dû penser à l'intérêt d'une clientèle britannique fortunée. Le « Grand Tour », prisé par les voyageurs européens, menait souvent du Léman, en passant par les impressionnants glaciers du Mont-Blanc jusqu’en Italie par le col du Simplon. Selon son carnet rempli d’adresses internationales, cette œuvre a été proposée à la vente à Paris, Londres, Amsterdam, Mannheim, Milan, Genève, Zurich, Berne, Lausanne et Neuchâtel. En 1826 paraît une édition enrichie de 40 vues et d’un texte de Désiré-Raoul Rochette.

 

Portrait d’un petit enfant, le regard tourné vers la droite
Représentation d’un enfant. Vêtements d’enfant ; arme

Henry et Rose

Les noms des deux seuls enfants d’Henriette-Louise de Meuron et Gabriel Mathias Lory sont inscrits sur deux portraits d’enfants esquissés au crayon et à l’aquarelle. Rose et Henry Lory sont morts prématurément en 1819 de la diphtérie, une maladie infectieuse très répandue et qui a également causé une épidémieen Suisse au XIXe siècle. 

Diplôme de Gabriel Lory fils, promu professeur

Peintre à Berne

Après la mort de leurs deux enfants, Henriette-Louise de Meuron et Gabriel Mathias Lory passent leurs étés à Berne tandis qu’ils continuent de vivre à Neuchâtel en hiver. Gabriel Ludwig Lory, le père, y est déjà retourné depuis 1812. Cette même année, il a également participé à la fondation de la société des artistes de Berne. Dès 1821, Johann Rudolf Wyss, professeur de philosophie et co-fondateur de la société des artistes de Berne, délivre un « diplôme pour Monsieur Gabriel Lory fils », qui lui accorde le grade de professeur. Tout comme son père auparavant, Gabriel Lory fils s’établit rapidement à Berne en tant que peintre et devient un membre de la société des artistes de la ville.

 

Dessin au crayon représentant des hommes et des femmes dans un canot

Dessiner en plein air

Un dessin esquissé au crayon représente le peintre lui-même ainsi que son entourage lors d’une promenade en canot. Il tient de grandes feuilles de papier sur ses genoux alors qu’il dessine la nature environnante, se plaçant ainsi dans la tradition du dessin en plein air. Quant au « Capitaine Ernest », également représenté, il s’agit sans doute d’Alfred von Ernst, peintre dilettante de retour à Berne depuis 1829 après son service aux Pays-Bas en tant qu’officier. Gabriel Mathias Lory et A. von Ernst se sont rencontrés au sein de la société des artistes de Berne.

Dos et couverture de l’album « Voyage pittoresque de l'Oberland bernois »

Projets éditoriaux

Dans les années 1820, Gabriel Mathias Lory édite de nombreuses œuvres avec César-Henri Monvert, écrivain et intellectuel neuchâtelois. Parmi elles figure l’album illustré « Voyage pittoresque de l'Oberland bernois », livré en cinq fois en 1822 et 30 superbes aquatintes colorées à la main représentant l’Oberland bernois et les hautes Alpes. La parution de cette œuvre complète est une nouvelle fois un travail familial collaboratif : aux côtés de Gabriel Lory père travaille aussi Friedrich Wilhelm Moritz. Les aquatintes ont été gravées par Johann Hürlimann. 

 

Berne, vue du nord. Aar ; Alpes ; paysan ; troupeau ; étable

Berne : le point de départ

Une aquarelle, qui sert de modèle pour la première page de la série, montre la ville de Berne vue du nord. L’Altenberg, autrefois externe à la ville, y est représenté à gauche. A partir des années 1820, Gabriel Mathias Lory et sa femme ont loué une maison de campagne dans ce quartier. Berne, en tant que centre touristique de l'époque, a été le point de départ de l'imagerie suisse que Lory a propagée auprès d’une clientèle européenne cosmopolite dans les années qui ont suivi. En 1822, il participe au Salon de peinture et de sculpture de Paris avec une aquarelle représentant la région de la Jungfrau.

Frontispice de « Costumes suisses : dédiés à son altesse Le Prince Royal de Prusse »

Réseautage

Gabriel Mathias Lory entretient des échanges intensifs avec les cercles de la noblesse européenne. Ses relations attestent de sa renommée sociale grandissante. Lory dédicace la série de croquis de costumes « Costumes suisses », qu’il a réalisée avec son cousin Friedrich Wilhelm Moritz, au roi de Prusse de l’époque, Frédéric-Guillaume IV, ce qui est un habile calcul diplomatique.

J’ai recu Monsieur par le Directeur Schadow le reste des costumes suisses qui doivent compléter ma collection et le texte. Je vous remercie de votre attention et vous félicite de ce que vous avez terminé un ouvrage qui fait honneur à notre goût, et qui aura l’applaudissement public.

Berlin, le 30 octobre 1823

Frédéric-Guillaume

Pr royal

 

Lettre du 30 octobre 1823 de Frédéric-Guillaume IV de Prusse à Gabriel Lory Fils, Bibliothèque nationale suisse, Cabinet des estampes : Fonds Gabriel Lory fils et Henriette-Louise de Meuron, GS-LORY-B-4-b-BERL-2

  

Château de Bardi

Clientèle internationale

Dans les années 1820, Gabriel Mathias Lory voyage dans toute l’Europe afin d’entretenir ses relations. Vers 1825, lors d’un voyage avec M. Philippe Zode, secrétaire de Marie-Louise de Parme, il achève une vue du Castello di Bardi médiéval, qu’il dédie à la duchesse et veuve de Napoléon Ier. En 1828, il séjourne à Paris, est invité à la Cour et reçoit des commandes de la part de Charles X.  

Maison de G. Lory Fils à l'Altenberg

Résidences sur l'Altenberg

En 1832, Gabriel Mathias Lory et Henriette-Louise de Meuron s'installent définitivement à Berne. Dans un dessin au crayon non daté, Gabriel Mathias Lory immortalise un bâtiment, probablement sa nouvelle résidence. Le fait que le peintre a pu acquérir le domaine d'Oranienburg sur l'Altenberg en 1833 prouve sa prospérité matérielle. Les certificats d'incendie attestent qu'à cette époque, deux propriétés situées dans le quartier de l’Altenberg appartenaient à la famille Lory. Dans le carnet d'adresses de la République de Berne de 1836, les deux peintres Lory père et fils sont inscrits comme résidents des propriétés numéros 174 et 129. 

Les chambres individuelles des deux propriétés sont sous-louées, sans doute à titre de revenu complémentaire. Le coloriste, puis daguerréotypiste Johann Jakob Gwinner, formé par Gabriel Ludwig Lory, vit dans la propriété d'Altenberg, parmi beaucoup d'autres. À partir de 1851, il devient gérant de la propriété à la demande de la veuve Henriette-Louise de Meuron.

 

Oranienbourg

Un carton publicitaire, vraisemblablement publié après l’achat de la villa Orianienbourg, prouve que Gabriel Mathias Lory se considère comme un artiste et un éditeur de vues et dessins de costumes, s'adressant explicitement à une riche clientèle internationale, adepte de voyages de formation et d’agrément en Suisse et en Italie. La villa de l'artiste, construite au XVIIIe siècle, est ici représentée. Un modèle avec des esquisses de lithographies sur les bords de la feuille a également été conservé.

Demeure de Mr-Lory fils, peintre paysagiste et Editeur; chez le quel, les Etrangers trouveront des dessins originaux de la Suisse et de l'Italie: des vues et costumes Suisses coloriés. Cette petite campagne, qui, offre le plus beau point de vue et situé sur la colline de l'Altenberg, à cinq minutes de la porte du bas de la ville et à gauche de la route de Zurich.

Texte publicitaire sur la gravure Oranienbourg près de Berne, Bibliothèque nationale suisse, Cabinet des estampes : Collection Rudolf et Annemarie Gugelmann, GS-GUGE-LORY-C-10

Bild
Villa Oranienburg, vue extérieure avec jardin
Referenzbild
Lithographie publicitaire représentant la demeure de Gabriel Lory Berne (Oranienburg).
Carnet d’adresses et de commandes ouverte

Carnet d’adresses et de commandes

Un carnet d’adresses et de commandes qui ne paye pas de mine permet d’en apprendre plus sur les commandes et l’origine des clients de Gabriel Mathias Lory. Les adresses et les commandes qu’il a reçues entre 1816 et 1846 sont consignées sous formes d’entrées et de petites notes collées. Une grande part est rédigée par Henriette-Louise de Meuron, qui veille aux intérêts commerciaux de la société de Gabriel Mathias Lory et qui a joué un rôle majeur dans son succès économique.

Patent für den Landschaftsmaler Lory als Professor, juristisches Dokument, Mai 1836

Les années berlinoises

Le travail constant de Gabriel Mathias Lory sur sa réputation internationale porte ses fruits au cours des hivers 1834-1835 et 1835-1836 : pendant ces mois-là, il donne des cours de dessin à la cour de Prusse à Berlinet à Potsdam. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III, son mécène, lui décerne le titre de professeur extraordinaire à l'Académie en 1836.

Nekrolog auf Gabriel Lory «Fils»

Derniers mots

Lory parcourt l'Europe jusqu'à la fin de sa vie : ses voyages le mènent à Nice, dans l'Oberland bernois, sur les bords du Rhinet à Francfort-sur-le-Main. Le 25 août 1846, peu après son retour de Francfort, il meurt d'une crise cardiaque à Berne. Une notice biographique, qui doit avoir été rédigée le jour de ses funérailles, le caractérise par les mots suivants : 

C’est aujourd’hui vendredi 28 que le célèbre peintre en paysage Mr Lory a été enterré avec des marques d’un interêt général. Tous les artistes demeurant à Berne se trouvaient à cette cérémonie. […] Mr. Lory était aussi distingué comme homme que comme artiste ; la douceur & la [beauté ?] jointes à l’énergie & à la constance faisant les principaux traits de son caractère. Partout son apparition était agréable & réjouissante. Sa mémoire sera chérie. Paix à ses cendres ! Il laisse une excellente épouse qui supporte chrétiennement sa perte, ainsi que beaucoup d’amis.

Nécrologie de Gabriel Lory fils, Bibliothèque nationale suisse, Cabinet des estampes : Fonds Gabriel Lory fils et Henriette-Louise de Meuron, GS-LORY-C-1-f-1

Zeichenfläche 1arrow-left-blackarrow-left-whitearrow-right-blackarrow-right-goldarrow-right-whiteZeichenfläche 1closedraft-layerMenuicon-downloadicon-link-external-goldicon-link-external-goldicon-link-external-redicon-pdficon-viewer-arrow-linkicon-viewer-closeicon-viewer-fullscreenicon-viewer-fullscreen-closeicon-viewer-homeicon-viewer-home2icon-viewer-menuicon-viewer-nexticon-viewer-opaqueicon-viewer-play-roundicon-viewer-play-sharpericon-viewer-play-whiteicon-viewer-previcon-viewer-quote-start-01icon-viewer-quote-start-01-whiteicon-viewer-restarticon-viewer-rotate-lefticon-viewer-rotate-righticon-viewer-texticon-viewer-text2icon-viewer-tocicon-viewer-upicon-viewer-zoom-inicon-viewer-zoom-outicon-zoomlogo-souvenirssuisseslogo-souvenirssuisses-whitelogo-souvenirsuisseZeichenfläche 1Zeichenfläche 1Zeichenfläche 1
Bitte berühren!